KÓSMOS - Pluralité des mondes comme bibliothèque Aby-Warburguienne [2017- 2019]

KÓSMOS - Plurality of worlds as Aby Warburgian-library

Constellation photographique, KÓSMOS, pluralité des mondes comme bibliothèque Aby Warburguienne a été réalisée dans le sud-ouest américain sur un territoire qui inclut les Fours Corners (Arizona, Colorado, Nouveau-Mexique et Utah) jusqu’au sud-ouest du Texas, lors de deux séjours: en février 2017 grâce à une bourse de Sony et en mars 2018, suite à l’invitation en résidence à Marfa (Texas) de l’École des Beaux-Arts de Nantes / Saint-Nazaire.

A Photographic Constellation, KÓSMOS, plurality of worlds as Aby Warburguian library was realized in the American Southwest on a territory that includes the Fours Corners (Arizona, Colorado, New Mexico and Utah) up to southwest Texas, during two stays: in February 2017 thanks to a grant from Sony and in March 2018, following the invitation to residency in Marfa (Texas) from the École des Beaux-Arts de Nantes / Saint-Nazaire.

Tirages Piezography (encres de carbone avec pigments de charbon) sur papier japonais Kozo 70g / Montage flottant sur papier japonais / Encadrement en érable naturel, verre anti-reflet. 3 formats par œuvre - Éditions uniques : Petit format : bord court 38,5 cm / Moyen format : bord court 69 cm / Grand format : bord court 108 cm.

Piezography fine art print (carbon inks with charcoal pigments) on 70g Kozo Japanese paper / Floating mounting of Japanese paper / Natural maple frame, anti-reflective glass. 3 formats per work - Single Editions : Small format: short edge 38.5 cm / Medium format: short edge 69 cm / Large format: short edge 108 cm.

TEXTE FRANÇAIS

Par la saisie d’indices dans le paysage, Amélie Labourdette développe une lecture perspectiviste sud-ouest américain, territoire multi-mémoriel en associant une analyse anthropologique à une poétique subjective des images. Elle envisage avec KÓSMOS l’étrangeté primordiale de notre “environnement“ terrestre et tente de rendre compte de la relation de l’humain à la biosphère terrestre et au cosmos.

KÓSMOS se fait le miroir des savoirs ancestraux des populations natives des Fours Corners mais également des recherches scientifiques contemporaines, telles que l’astronomie ou l’écologie, ainsi que des projections “utopiques“ ou des impacts environnementaux, manifestations d’une modernité traversée d’hubris. Les Pueblos (Hopis, Navajos, Zunis, Keres, Acoma, Tewa, Tiwa, Towa) et les peuples natifs du sud-ouest américain ne considèrent pas l’espace et les êtres qui y vivent comme des objets matériels qu’ils peuvent posséder, contrôler ou vaincre. Ils ont développé des savoirs liés à l’astronomie, d’où résulte à la fois une perception du cosmos où toutes les entités le constituant sont en interrelation et une conception du temps circulaire, où les catégories du passé, du présent et du futur ne se succèdent pas nécessairement, mais s’entremêlent, s’éclairent mutuellement et coexistent.

KÓSMOS est une constellation où le monde composé d’humains et de non-humains, animaux, végétaux, monde minéral et céleste, est abordé dans un tissu de relations, sous la forme de différentes mises en regard analogiques et poétiques de cosmovisions et de strates temporelles. KÓSMOS développe son propre kósmos, c’est-à-dire son ordre, à l’image de la bibliothèque de l’historien d’art Aby Warburg qui la conçut comme un “espace de pensée“. Celle-ci faisait directement référence, par sa forme elliptique, aux kivas des peuples Pueblos, ces “espaces de contemplation“ et de connexion avec le cosmos, reliant le Monde du milieu aux mondes souterrains et aux mondes célestes.

Empreints d’une lumière noire, lumière d’éclipse obscure, les tirages d’une chimie charbonneuse aux nuances irisées (réalisés en Piezography sur papier Kozo 70g) s’impriment comme la réminiscence d’une mémoire cosmique. Nous sommes, comme ces encres, des amas de carbone, de la poussière d’étoile. La lumière, noire et vibrante, lactescente et nappée semble provenir de l’image projetée dans la voûte intérieure d’un crâne. Telles des visions intérieures, KÓSMOS se fait l’écho d’un espace-temps latent, ancestral, tenant enclos une mémoire de mondes matériels et immatériels, physiques et invisibles.

ENGLISH TEXT

By capturing clues in the landscape, Amélie Labourdette develops a perspectivist reading of the American Southwest, a multi-memorial territory, combining anthropological analysis with a subjective poetics of images. With KÓSMOS, she considers the primordial strangeness of our terrestrial "environment" and attempts to account for the relationship between humans to the earth's biosphere and to the cosmos.

KÓSMOS mirrors the ancestral knowledge of the native populations of the Fours Corners, as well as contemporary scientific research in fields such as astronomy and ecology, and the "utopian" projections and environmental impacts of a hubris-filled modernity. The Pueblos (Hopis, Navajos, Zunis, Keres, Acoma, Tewa, Tiwa, Towa) and native peoples of the American Southwest do not consider space and the beings who live in it as material objects they can possess, control or conquer. They have developed knowledge linked to astronomy, resulting in both a perception of the cosmos in which all its constituent entities are interrelated, and a conception of circular time, in which the categories of past, present and future do not necessarily follow one another, but intermingle, mutually enlighten and coexist.

KÓSMOS is a constellation in which the world - human and non-human, animal, vegetable, mineral and celestial - is approached in a web of relationships, in the form of various analogical and poetic comparisons of cosmovisions and temporal strata. KÓSMOS develops its own kósmos, or order, in the image of art historian Aby Warburg's library, which he conceived as a "space of thought". Its elliptical shape was a direct reference to the kivas of the Pueblo peoples, those "spaces of contemplation" and connection with the cosmos, linking the Middle World to the underworld and the celestial worlds.

Imbued with a black light, the light of an obscure eclipse, these charcoal chemistry prints with iridescent nuances (produced in Piezography on 70g Kozo paper) print like the reminiscence of a cosmic memory. Like these inks, we are clusters of carbon, stardust. The light, black and vibrant, lactescent and slick, seems to come from the image projected in the inner vault of a skull. Like inner visions, KÓSMOS echoes a latent, ancestral space-time, enclosing a memory of material and immaterial, physical and invisible worlds.

Vidéo: Le Lieu de la Photographie - Entretien avec Amélie Labourdette sur l’exposition KÓSMOS à la GALERIE PIERRE TAL-COAT, dans le cadre Rencontres Photographiques de Lorient (Quand les nuages se taisent), du 14.10 au 10.12 2023. Interview et réalisation : Léonie Pondevie. Musique : Kevin Lecuyer. Commissariat d’exposition : Emilie Teulon