Traces d'une occupation humaine [2016- 2018]

Traces of a human occupation

Série réalisée dans le bassin minier d'extraction de phosphate de Gafsa, région située aux portes du désert Tunisien. Ce projet a bénéficié du soutien à la photographie documentaire du Centre national des arts plastiques (Cnap).

Series produced in the phosphate mining basin of Gafsa, a region located at the gateway to the Tunisian desert. This project received support for documentary photography from the Centre national des arts plastiques (CNAP).

TEXTE FRANÇAIS

Constellation d’images photographiques, Traces d’une occupation humaine tente de rendre compte, par la mise en regard de strates temporelles, de l’empreinte humaine et des traces de son occupation, dans les différents paysages et lieux singuliers qui constituent le territoire du bassin minier du Gouvernorat de Gafsa, aux portes du désert Tunisien.

Le territoire est depuis plus d’un siècle sous la tutelle de la CPG, la Compagnie des Phosphates de Gafsa créée sous le protectorat français et qui en exploite les gisements. L’industrie des phosphates a littéralement retourné, bouleversé le paysage depuis moins de 40 ans par des carrières d’extraction à ciel ouvert et le lavage du minerai créé de réels risques d’épuisement des ressources en eau en nécessitant près de dix millions de m³ d’eau par an, pompés dans les nappes fossiles non renouvelables.

Les fouilles archéologiques qui ont été menées dans cette région ont permis d’y révéler le lien entre la présence d’eaux souterraines, de sources artésiennes et la continuité d’une présence humaine depuis le Paléolithique-moyen jusqu’à notre époque contemporaine. À travers une lecture des paysages et de lieux marqués de l’histoire d’une présence humaine, Traces d’une occupation humaine, se fait l’écho des dimensions multiples et sédimentaires de ce territoire, et se veut être une méditation photographique sur l’esprit du lieu.

Rechercher l’esprit du lieu, c’est tenter de saisir une aura, une atmosphère singulière, une synthèse des éléments matériels et immatériels, physiques et spirituels, qui produisent du sens, interpellent la mémoire et obligent à pénétrer l’univers de la complexité. C’est tenté d’atteindre un immatériel qui met en contact avec le passé, avec les ancêtres, mais aussi avec les générations à venir, et peut-être plus encore avec soi-même. C’est s’efforcer de saisir les multiples dimensions et significations qu’elles soient sociales, spirituelles, historiques et esthétiques, telles qu’elles sont perçues et transmises et dont ces lieux sont imprégnés. Toutes ces dimensions ont façonné l’esprit du lieu au fil du temps, à la suite d’interactions avec l’environnement naturel, de pratiques sociales ou spirituelles passées ou actuelles, de coutumes, de savoirs traditionnels, d’usages ou d’activités.

Élaborant une forme archéologie de l’esprit du lieu, cette série interroge ce lien et tente de rendre compte de l’empreinte de l’homme, des traces de son occupation au cours de ces 40 000 ans, convoquant différentes strates temporelles à travers plusieurs mises en regard qui illustrent l’ère Anthropocène.

ENGLISH TEXT

Constellation of photographic images, Traces of a human occupation attempts to capture the human imprint and the traces of its occupation in the different landscapes and singular places that make up the territory of the Gafsa Governorate's mining basin, at the gateway to the Tunisian desert.

For over a century, the area has been under the control of the CPG, the Gafsa Phosphate Company created under the French protectorate, which has exploited the deposits. The phosphate industry has literally turned the landscape upside down in less than 40 years, with open-cast quarries and ore washing creating real risks of water resource depletion, requiring almost ten million m³ of water a year, pumped from non-renewable fossil aquifers.

Archaeological investigations carried out in this region have revealed the link between the presence of underground water, artesian springs and the continuity of human presence from the Middle Palaeolithic to the present day. Through a reading of landscapes and places marked by the history of human presence, traces of human occupation echoes the multiple, sedimentary dimensions of this territory, and is intended as a photographic meditation on the spirit of place.

To seek out the spirit of place is to attempt to capture an aura, a singular atmosphere, a synthesis of material and immaterial elements, physical and spiritual, that produce meaning, challenge memory and compel us to penetrate the universe of complexity. It's a quest to reach an intangible that puts us in touch with the past, with our ancestors, but also with future generations, and perhaps even more so with ourselves. It's trying to grasp the multiple dimensions and meanings - social, spiritual, historical and aesthetic - as perceived and transmitted, and with which these places are imbued. All these dimensions have shaped the spirit of place over time, as a result of interactions with the natural environment, past or present social or spiritual practices, customs, traditional knowledge, usages or activities.

Developing a form of archaeology of the spirit of place, this series questions this link and attempts to give an account of man's imprint and traces of his occupation over the past 40,000 years, summoning up different temporal strata through several comparisons that illustrate the Anthropocene era.